mercredi 19 mars 2014

Albert Camus à Paris

L'écrivain Albert Camus à travers Paris 
Camus dans le 18è arrondissement où il termine L’Etranger
Camus et St-Germain-des-près, au cœur de Paris
 
Paris a mis du temps à apprivoiser Albert Camus qui n’aimait pas ces « villes du nord » qui lui font regretter la lumière algéroise et qu’il trouve tristes et humides. En froid avec les autorités françaises d’Algérie, et après son aventure journalistique à Alger-républicain, Camus arrive à Paris le samedi 16 mars 1940.  Recommandé par son ami Pascal Pia, il est rapidement embauché à Paris-soir.  Il s’installe à Montmartre, à l’hôtel du poirier 16 rue Ravignon dans le 18è arrondissement où il termine le manuscrit de L’Étranger. 
 
Début juin 1940, il est à l’hôtel Madison 143 boulevard Saint-Germain dans le 6è arrondissement, situé juste en face de l’église. En juin 1943, il entre dans la Résistance grâce à Pascal Pia et participe au journal Combat, alors clandestin. Quelques mois plus tard, il est embauché comme lecteur chez Gallimard.

Il change à nouveau d’hôtel, passant à l’hôtel Mercure 22 rue de la chaise dans le 7è arrondissement et trouve enfin un studio l’année suivante 1 bis rue Vanneau dans le même arrondissement. [1] Après la guerre, sa femme Francine l’a rejoint et ils ont désormais des jumeaux, Catherine et Jean, vivant chez des amis avant d’emménager en 1946 18 rue Séguier dans le 5è arrondissement puis quatre ans plus tard 6 rue Madame dans le 6è arrondissement.
 
L'entrée du 18 rue Séguier
 
Sa vie va alors se dérouler entre le 5 de la rue Sébastien-Bottin dans le 7è, son bureau de directeur de collection chez Gallimard et ses lieux favoris à Saint-Germain-des-prés. Il aime y retrouver Jean-Paul Sartre et ses amis à la brasserie Lippe, au café de Flore ou aux Charpentiers rue Mabillon. Après la parution de L’Homme révolté qui signera la rupture avec Jean-Paul Sartre et ses amis de la NRF [2] où il note dans ses carnet  « Le seul problème contemporain : peut-on transformer le monde sans croire au pouvoir absolu de la raison, » Camus correspond avec son ami René Char quand il est dans son « cher Vaucluse » à L’Isle-sur-la-Sorgue [3] et se voient souvent, en particulier au café Palette rue de Seine dans le 6è lors de ses séjours à Paris. Albert Camus occupera en 1954 un studio dans l’immeuble où loge René Char quand il réside à Paris, au 4 de la rue de Chanaleilles dans le 7è arrondissement. [4]

   L'immeuble du 4 rue de Chanaleilles
 
C’est à Paris qu’Albert Camus renoue avec le théâtre, l’une des « grandes passions de sa vie. » Le théâtre sous tous ses aspects, auteur dramatique, mise ne scène, adaptations, va rythmer sa vie parisienne comme il a jadis rythmé sa vie algéroise à l’époque du Théâtre du Travail en 1936 puis du théâtre de l’Equipe où il sera même plusieurs fois acteur. Dès 1949, se joue sa pièce Les Justes au théâtre Hébertot [5]. Viendront ensuite ses adaptations de Requiem pour une nonne de William Faulkner au théâtre des Mathurins [6] en 1956 puis de Les possédés de Dostoïevski –qu’il envisage depuis longtemps- représentée au théâtre Antoine. [7]

Pendant toute sa vie, -particulièrement durant cette période- Albert Camus n’a jamais séparé sa vie de son œuvre, s’engageant dans les meetings contre le franquisme, quittant avec fracas ses fonctions à l’UNESCO quand elle accueille l’Espagne, luttant pour une solution raisonnée en Algérie, disant dès 1955 dans une chronique de L’Express qu’elle était « un malheur personnel » [8] et sachant que le mal ne connaîtrait pas de rémission. Quand il mourut à l’âge de 46 ans d’un banal accident de la route avec le manuscrit inachevé du Premier homme dans son cartable, il était sur le point de réaliser un vieux rêve : créer à Paris un vrai théâtre de répertoire où il pourrait monter des œuvres classiques et contemporaines. 

      Théâtre Hébertot, Salle de spectacles & Théâtre à Paris     Photo 1 en taille normale
                          Théâtre Hébertot                                 Théâtre Antoine
 
Notes et références
 
[1] C’est à cette occasion qu’il fera la connaissance d’André Gide, le studio lui appartenant
[2] Sur les différents aspects de cette polémique, la position de Camus et ses conséquences, voir le tome II de ses Carnets (1942-1951) et surtout le tome II de ses Chroniques (1948-1953)
[3] C’est grâce à René Char que Camus ira visiter la maison de Lourmarin dans le Luberon, qu’il acquit en 1958, une ancienne magnanerie avec ses volets verts, sa terrasse arrondie et son cyprès. Seule la rue a changé de nom : la grand'rue de l'église a été rebaptisée rue Albert-Camus.
[4] Voir mon article sur la correspondance entre Albert Camus et René Char (1949-1959) parue chez Gallimard en 2007
[5] Le théâtre Hébertot se situe 78 bis boulevard des Batignolles, dans le XVIIe arrondissement
[6] Le théâtre des Mathurins se situe 36, rue des Mathurins, dans le VIIIe arrondissement
[7] Le théâtre Antoine se situe 14 boulevard de Strasbourg, dans le 10e arrondissement
[8] Voir ma fiche sur ses éditoriaux à L’Express dans Les Cahiers Albert Camus

Voir aussi
Mes fiches-analyse sur Albert Camus :
- Présentation des 3 tomes de ses Carnets : les Carnets
- Présentation des 3 tomes de ses Chroniques : les Actuelles
 
Les fiches Terres des écrivains sur Camus 
- Albert Camus à Lyon en 1943
- Albert Camus au Panelier et à Lyon
- Albert Camus en Bretagne - Albert Camus à Briançon

<<< Christian Broussas – Feyzin, 12 janvier 2013 <<< © • cjb • © >>>

 

1 commentaire:

  1. Bonsoir,

    C'est dans le 18e à Paris que je vais présenter un spectacle Camus, au Théâtre PIXEL, 18 rue Championnet le 27
    avril, et les 11, 12, 13, 25, 26, 27 mai à 21h30.
    En voici la présentation

    Et si Camus n’était pas seulement le philosophe de l’absurde et de la révolte mais nous enseignait aussi le bonheur ?

    Dans ce spectacle, j’ai choisi de suivre sa route accompagnée d’un percussionniste, et de vous y inviter, jusqu’au soleil de son Algérie natale qu’il célèbre. Soleil éclatant, image de la lumière à garder en soi, plus forte que nos propres angoisses et découragements : « Il faut imaginer Sisyphe heureux. » Plus forte que les crises de notre temps. Un Camus dont l’ombre ne fait que révéler la force de cette lumière pour nous donner envie de dire avec lui, dans chaque moment sombre : « Au milieu de l’hiver, j’apprenais enfin qu’il y avait en moi un été invincible. »

    Des poèmes de René Char conduisent à son œuvre commune avec Albert Camus: La Postérité du Soleil.

    Auteure, metteure en scène, comédienne scénographe: Joséphine Laurens, en dialogue avec les créations aux percussions de Marc Pujol , qui s’implique aussi dans le texte.

    plus d'information sur la page du site
    http://www.joridia.net/Pages/evenements.aspx

    Cordialement
    Joséphine Laurens

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