vendredi 15 novembre 2013

Albert Camus par Jean-Paul Sartre

            <<<<<< L'article de Sartre sur Camus >>>>>>  
A l'occasion de la parution du livre de Michel Onfray sur Albert Camus, Le Nouvel Observateur publie de nouveau le texte fort, plein de "ressentiment refoulé", qu'avait écrit Sartre au lendemain de la disparition d'Albert Camus, "l'ami avec lequel il était brouillé".

 

Il y a six mois, hier encore, on se demandait: « Que va-t-il faire? » Provisoirement, déchiré par des contradictions qu'il faut respecter, il avait choisi le silence. Mais il était de ces hommes rares, qu'on peut bien attendre parce qu'ils choisissent lentement et restent fidèles à leur choix. Un jour, il parlerait. Nous n'aurions pas même osé risquer une conjecture sur ce qu'il dirait. Mais nous pensions qu'il changeait avec le monde comme chacun de nous: cela suffisait pour que sa présence demeurât vivante.
Nous étions brouillés, lui et moi: une brouille, ce n'est rien - dût-on ne jamais se revoir -, tout juste une autre manière de vivre ensemble et sans se perdre de vue dans le petit monde étroit qui nous est donné. Cela ne m'empêchait pas de penser à lui, sentir son regard sur la page du livre, sur le journal qu'il lisait et de me dire: « Qu'en dit-il? Qu'en dit-il EN CE MOMENT ? »

Son silence que, selon les événements et mon humeur, je jugeais parfois trop prudent et parfois douloureux, c'était une qualité de chaque journée, comme la chaleur ou la lumière, mais humaine. On vivait avec ou contre sa pensée, telle que nous la révélaient ses livres - «la Chute», surtout, le plus beau peut-être et le moins compris - mais toujours à travers elle. C'était une aventure singulière de notre culture, un mouvement dont on essayait de deviner les phases et le terme final.
Il représentait en ce siècle, et contre l'Histoire, l'héritier actuel de cette longue lignée de moralistes dont les œuvres constituent peut-être ce qu'il y a de plus original dans les lettres françaises. Son humanisme têtu, étroit et pur, austère et sensuel, livrait un combat douloureux contre les événements massifs et difformes de ce temps. Mais, inversement, par l'opiniâtreté de ses refus, il réaffirmait, au cœur de notre époque, contre les "machiavéliens", contre le veau d'or du réalisme, l'existence du fait moral.

Il était pour ainsi dire cette inébranlable affirmation. Pour peu qu'on lût ou qu'on réfléchît, on se heurtait aux valeurs humaines qu'il gardait dans son poing serré: il mettait l'acte politique en question. Il fallait le tourner ou le combattre: indispensable en un mot, à cette tension qui fait la vie de l'esprit. Son silence même, ces dernières années, avait un aspect positif: ce cartésien de l'absurde refusait de quitter le sûr terrain de la moralité et de s'engager dans les chemins incertains de la pratique. Nous le devinions et nous devinions aussi les conflits qu'il taisait: car la morale, à la prendre seule, exige à la fois la révolte et la condamne.

tumb     tumb 
Jean-Paul Sartre (Sipa)                            Albert Camus, photo Lido-Sipa

Nous attendions, il fallait attendre, il fallait savoir: quoi qu'il eût pu faire ou décider par la suite, Camus n'eût jamais cessé d'être une des forces principales de notre champ culturel, ni de représenter à sa manière l'histoire de la France et de ce siècle. Mais nous eussions su peut-être et compris son itinéraire. Il avait tout fait -toute une œuvre- et, comme toujours, tout restait à faire. Il le disait: « Mon œuvre est devant moi.» C'est fini. Le scandale particulier de cette mort, c'est l'abolition de l'ordre des hommes par l'inhumain.[...] Rarement, les caractères d'une œuvre et les conditions du moment historique ont exigé si clairement qu'un écrivain vive.

L'accident qui a tué Camus, je l'appelle scandale parce qu'il fait paraître au cœur du monde humain l'absurdité de nos exigences les plus profondes. Camus, à 20 ans, brusquement frappé d'un mal qui bouleversait sa vie, a découvert l'absurde, imbécile négation de l'homme. Il s'y est fait, il a pensé son insupportable condition, il s'est tiré d'affaire. Et l'on croirait pourtant que ses premières œuvres seules disent la vérité de sa vie, puisque ce malade guéri est écrasé par une mort imprévisible et venue d'ailleurs. L'absurde, ce serait cette question que nul ne lui pose plus, qu'il ne pose plus à personne, ce silence qui n'est même plus un silence, qui n'est absolument plus rien.
Je ne le crois pas. Dès qu'il se manifeste, l'humain devient partie de l'humain. Toute vie arrêtée même celle d'un homme si jeune -, c'est à la fois un disque qu'on casse et une vie complète. Pour tous ceux qui l'ont aimé, il y a dans cette mort une absurdité insupportable. Mais il faudra apprendre à voir cette œuvre mutilée comme une œuvre totale.

Dans la mesure même où l'humanisme de Camus contient une attitude humaine envers la mort qui devait le surprendre, dans la mesure où sa recherche orgueilleuse et pure du bonheur impliquait et réclamait la nécessité inhumaine de mourir, nous reconnaîtrons dans cette œuvre et dans la vie qui n'en est pas séparable la tentative pure et victorieuse d'un homme pour reconquérir chaque instant de son existence sur sa mort future.
Jean-Paul Sartre
(Texte publié le 7 janvier 1960 dans « France Observateur ».)
  
Voir aussi : Une histoire d'amitié

<<<< Christian Broussas - Camus, Sartre - 5 janvier 2013 <<< © cjb © • >>>>>

L'écrivain Jean Grenier à Simiane

Jean Grenier             Description de cette image, également commentée ci-après          
L'écrivain et poète Jean Grenier 

Jean Grenier et ses différents séjours à Simiane                             
 
Á croire que les Alpes du sud attirent les bretons puisque séjournèrent à Briançon Max Jacob et Jean Denoël de Saint-Brieuc, ami intime de Cocteau et de Gaston Gallimard [1] qui rencontrait souvent Jean Giono qui venait en vacances dans le hameau tout proche des Queyrelles. Jean Grenier, originaire de Saint-Brieuc, s’était marié en 1928 à une jeune fille de Sisteron. [2]
 
Extraordinaire coïncidence pour un homme qui passe pour avoir été le ‘mentor’ d’Albert Camus [3], le mariage fut célébré à Lourmarin, le village où Camus s’établira à la fin de sa vie et où il est enterré. Á cette occasion, son ami Henri Bosco composa une "Cantate pour les noces de Jean Grenier". Dès lors, il fera très souvent des séjours dans le village de Simiane où il reçoit Albert Camus et sa famille [4] ou son ami Louis Guilloux, autre écrivain breton.
Il n’oubliait pas Max Jacob, participant aux côtés de Jean Denoël [5] à des cérémonies commémoratives comme le 4 mars 1962 à Saint-Benoît-sur-Loire où il note : « Max demandait au nouveau venus : "Croyez-vous en Dieu ? " Sinon, il entreprenait de les convertir. »
 
Á Simiane, il en profite pour compléter ses Carnets. Il y note des événements locaux, « Manque d’eau à Simiane : eau seulement de 7 à 9 heures » en août 1967 ou des points d’histoire locale comme en septembre 1969 : « Simiane-la-Rotonde est faite sur le modèle du Saint-Sépulcre. L’usage pour les croisés de retour était de faire un fac-similé du tombeau du Christ et de la vénérer dans une crypte… » Lors d’une visite à Jean Giono, il décrit ainsi son cabinet de travail « percé de trois fenêtres, l’une donnant au nord sur le Mont d’Or, l’autre à l’est vers la Durance, l’autre au sud vers Manosque, avec un palmier dans l’encadrement. »
 
Il note aussi son état d’esprit, ses propres réactions comme dans ce texte du 27 août 1965 : « Tout n’est indifférent en principe, rien en réalité. C’est parce que rien ne l’est en réalité que je fais un principe de l’indifférence. » Victime d’un problème cardiaque, Jean Grenier s’éteint en mars 1971. Son ami Henri Bosco le relate dans son "Diaire" du 8 mars 1971 : « J’apprends ce soir la mort de Jean Grenier avec un vrai chagrin. J’admirais en lui une intelligence souvent ironique, un cœur secret, un don de poésie discret mais profond… »
 
  JPEG - 8.5 ko    Jean Grenier et Albert Camus

Notes et références

  1. Il fut aussi l’exécuteur testamentaire des écrivains Roger Martin du Gard, André Gide et Jean Cocteau
  2. Sa famille possédait à Sisteron l’ancien couvent des Capucins
  3. Jean Grenier sera son professeur de philosophie au lycée d’Alger et ils entretinrent par la suite une longue correspondance reprise dans un ouvrage "Correspondance Jean Grenier-Albert Camus" parue chez Gallimard
  4. Avant d’acquérir sa maison de Lourmarin, Albert Camus ira souvent en vacances dans la région du Luberon ou chez son ami René Char à L’Isle-sur-la-Sorgue
  5. Jean Denoël avait créé avec sa riche amie Florence Gould le prix littéraire Max Jacob

Bibliographie et références

Autres fiches à consulter

- Albert Camus à Briançon, Albert Camus en Bretagne
- Louis Nucéra dans les Alpes du sud, - Georges Brassens à Sète
   
 <<<< Christian Broussas - Jean Grenier, Simiane - 13 janvier 2013 <<< © cjb © • >>>>

René Char et Pierre Boulez

Pierre Boulez et René Char est un essai écrit par le musicologue Antoine Goléa (1906-1980) sur les poèmes de René Char mis en musique par Pierre Boulez.
 
                 File:Boulez25oct2004.jpg
Boulez dirige Char dans Le marteau sans maître    Pierre Boulez en 2004

1- Une collaboration entre Pierre Boulez et René Char

Selon Antoine Goléa, le lien fort qui unit les deux hommes prend sa source dans leur recherche de liberté, nécessaire au renouvellement de leur source d’inspiration. René Char voulait, à l’époque où il écrivait les textes que Pierre Boulez a mis en musique, se libérer des canons du surréalisme et Pierre Boulez voulait se libérer du carcan de la musique sérielle qu’il avait pourtant largement contribué à diffuser. Pierre Boulez a choisi trois œuvres de René Char, "Visage nuptial", chant d’amour désenchanté, "Marteau sans maître", poèmes surréalistes et "Le Soleil des eaux" écrit dans la veine des textes des troubadours.
 
Le Soleil des eaux a été créé en juillet 1950 avec l’orchestre national dirigé par Roger Désormière. Pour Pierre Boulez, un musicien d’aujourd’hui doit mettre en musique un poète contemporain et « René Char représente une concentration de langages, une qualité, une fermeté incomparable. » (Interview d’Antoine Goléa)
 
Le recueil éponyme de René Char repose, précise-il dans une interview, sur « les secrets du paysage autant que sur la nécessité, le devoir forcé de la révolte, victorieuse ou défaite, jamais vaine. » (Interview d’Antoine Goléa) Ce n’est pas le ‘lyrisme suave’ de René Char qui a séduit Pierre Boulez mais la violence de son langage, ce qu’il nomme « sa dureté granitique. » L’osmose entre la musique sérielle de Boulez et le langage poétique de Char se réalise à travers « les élans puissants, élémentaires et éternels de l’âme humaine. »

2- Du Soleil des eaux à Visage nuptial

 Le Soleil des eaux

Cette œuvre est composée d’une musique de scène basée sur le poème chanté "La Complainte du lézard amoureux", d’une cantate concertante sur un poème choisi par René Char "La Sorgue", avec solo féminin et pièces musicales en contrepoint, relevées par des chorales de voix masculines. Le thème met en contraste la splendeur de l’amour et la rapacité de ceux qui, pour asseoir leurs profits, mettent la nature en coupes réglées.

Visage nuptial

Cette œuvre est d’abord un long chant d’amour, selon René Char « une histoire d’amour. » Un amour qui suit le cycle de la vie, de sa naissance à sa mort, « le retour de l’homme à son initiale solitude. » Cinq tableaux pour cinq poèmes d’amour, sa naissance, son éveil, son accomplissement, son épanouissement et son déclin. Dans l’interprétation, participent à cette osmose entre la musique et les cinq poèmes de Char, les voix des deux femmes solistes, des chœurs de femmes et un grand orchestre dans la version définitive donnée en 1951

   
3- Les 5 poèmes de René Char
- Conduite : le premier poème est construit sur le passage de la solitude à l’amour, d’abandonner « la soif anxieuse… et l’exil. » Boulez a choisi d’utiliser la libre improvisation, une lyrisme délicat à l’approche de l’amour.
 
- Gravité : le deuxième poème, sous-titré ‘L’Emmuré’, traduit l’attente anxieuse et délicieuse de l’amour : « Tu vas nue, constellée d’échardes, / secrète, tiède et disponible, / attachée au sol indolent, / Mais l’intime de l’homme abrupt dans sa prison… » Complexité des langages musicaux et poétiques se mêlent, « les sons prennent part à l’avènement de la parole. »
 
- Visage nuptial, le troisième poème, donne son nom à l’ensemble. C’est l’amour dans toutes ses dimensions. Boulez parle « d’organiser le délire », plaque une vocalise d’une grande puissance, allant crescendo sur le verbe aimer, un chant sensuel faisant ressortir le vers « Ô voûte d’effusion sur la couronne de son ventre. »
 
- Evadné : le quatrième poème est entièrement parlé, l’orchestre joue en arrière plan, le bruit du monde, extérieur au bonheur de l’amour. « C’était au début d’adorables années. / La terre nous aimait un peu, je me souviens. »
 
- Post-scriptum : ce dernier poème marque la fin de l’amour : « Écartez-vous de moi qui patiente sans bouche ; / Á vos pieds, je suis né, mais vous m’avez perdu […] Le temps émondera peu à peu mon visage / Comme un cheval sans fin dans un labour dans un labour aigri. » Lenteur musicale avec voix des solistes et du chœur mêlées sur fond pianissimo des cordes, exprimant l’éphémère des sentiments.

 4- Marteau sans maître

Cette œuvre repose sur trois poèmes de René Char : "L’Artisanat furieux", "Bourreaux de solitude" et "Bel édifice et les pressentiments". Ces poèmes assez hermétiques si l’on oublie leurs racines surréalistes et le profond engagement du poète dans ce mouvement. Pierre Boulez a cherché à sublimer ces trois textes en tissant des liens subtils avec sa composition faite d’une cantate pour un contralto et un petit ensemble instrumental qui, par sa transparence, « rappelle celui du "Pierrot lunaire" de Schoenberg.
René Char

5- Infos complémentaires 

Bibliographie
  • Antoine Goléa, "De Massiaen à Boulez, de Boulez à l’inconnu", éditions Leduc, 1962
  • Antoine Goléa, "La musique, de la nuit des temps aux aurores nouvelles", éditions Leduc, 1977

Références

  • Pierre Boulez, "Le Marteau sans maître (Dérives 1 et 2)" et "Explosante fixe", CD audio, 2005, édition Deutsche Grammophon
  • Pierre Boulez, "Pli selon pli, livres pour cordes", CD Sony, 1995
  • René Char, "Œuvres complètes", éditions Gallimard, La Pléiade, 1983
  • René Char, "Fureur et Mystère", collection Poésie, éditions Gallimard poche
   <<<< Christian Broussas – Feyzin, 3 janvier 2012 - <<< © • cjb • © >>>>
 

Camus-Char La Postérité du soleil

La Postérité du soleil est un ouvrage co-écrit par l'écrivain Albert Camus et le poète René Char, agrémenté de photographies d'Henriette Grindat.
 
Référence : Albert Camus/René Char, La postérité du soleil, éditions Gallimard, 80 pages, novembre 2009, isbn 9782070127788


 
La Postérité du soleil est née de la grande amitié qui lia les deux hommes après la libération. Leur rencontre s'est faite aussi sous le signe du département du Vaucluse, René Char, installé à L'Isle-sur-la-Sorgue, fera connaître à Camus ce Luberon qu'il aima tant au point de vouloir s'y installer et d'y acheter une maison. C'est d'ailleurs là-bas à Lourmarin qu'il est enterré tout près de cette maison dont il n'a guère profité et que sa fille Catherine habite depuis de nombreuses années. Leur amitié est donc aussi une question de terroir et de mode de vie.
 
C'est un éditeur suisse Edwin Engleberts qui publia en 1965 l'édition originale, œuvre de bibliophilie tirée seulement à 120 exemplaires 1. Elle en faisait aussi une œuvre confidentielle réservée à quelques-unes et c'est sous l'impulsion de René Char 2 que cette nouvelle publication fut rendue possible  3.
 
Cet ouvrage est resté longtemps confidentiel mais la correspondance des deux hommes fait plusieurs fois allusion à ce projet de 'livre sur le Vaucluse' représentant la trace tangible de leur amitié. Si le livre fut pratiquement prêt depuis des années, il ne parut que bien après la mort de Camus avec un texte d'ouverture de René Char.
 
« Les poèmes sont limpides comme l'eau de la fontaine de Vaucluse » a écrit un journaliste à propos de cet ouvrage dont les photos monochromes d'Henriette Grindat rehaussent le ton lumineux des textes et dont la postface de René Char est un hymne à l'amitié.
 
Au-delà de l'exposition d'une amitié et d'un amour commun pour ce terroir, c'est l'affirmation que même le soleil disparu, il reste encore la lumière et l'espoir malgré tout que magnifie Camus dans cette citation : « Demain, oui, dans cette vallée heureuse, nous trouverons l'audace de mourir contents ! » La photographie représentait aussi une certaine idée de la permanence solaire, la fixation d'un éblouissement à travers le prisme du mélang d'ombres et de lumière. « Comment montrer, écrit René Char dans son poème d'ouverture, sans les trahir les choses simples, données entre le crépuscule et le ciel ? Par la vertu de la vie obstinée, dans la boucle du Temps artiste, entre la mort et la beauté. »

           
Impression soleil levant (Monet)

Éditions

  • La postérité du soleil, éditions de l'Aire, Préface de Jean Romain, Lausanne, 1986.
  • La postérité du soleil, éditions Gallimard, collection Blanche, 2009, isbn10 : (ISBN 2-07-012778-8), isbn13 : (ISBN 9782070127788)
  • Albert Camus et René Char, Correspondance 1946-1959, éditions Gallimard, 2007, (ISBN 978-2070783311)
  • Jacques Chabot, Albert Camus, la pensée de midi, Éditions Édisud, Centre des écrivains du sud, 2002, (ISBN 2-7449-0376-0)

Notes et références

  1. Cette édition du 15 octobre 1965 se fit en in-folio, 428x340mm, avec feuilles sous chemise et coffret de l’éditeur recouvert de toile verte, 152 pages
  2. La parution de La Postérité du soleil s' est accompagnée d’une exposition à l’Hôtel de Campredon – Maison René Char,à l’Isle-sur-la-Sorgue en 2010.
  3. Note des éditions Gallimard pour la publication dans la collection Blanche

Liens externes

<<<<Christian Broussas – Feyzin, 5 octobre 2011 - <<<<<© • cjb • © >>>>
 

Albert Camus et Jean Grenier

Ce livre témoignage sur Albert Camus qui porte ce titre éponyme, a été écrit par son ami l'écrivain Jean Grenier.

Référence : "Albert Camus", Souvenirs, Jean Grenier, éditions NRF/Gallimard, 1968
 
             
Jean Grenier                            Albert Camus chez Jean Grenier et sa femme
 
Cette amitié entre Albert Camus et Jean Grenier, qui ne se démentit jamais, commença au lycée d'Alger quand ce dernier devint le professeur de philosophie de ce jeune homme de 17 ans venu de Belcourt, quartier pauvre de la ville. Camus, d'une fidélité indéfectible en amitié, a toujours reconnu ce qu'il lui devait, son influence sur sa pensée, surtout dans ses débuts. Ce livre porte bien ce sous titre de "souvenirs" pour se démarquer du récit biographique et parcourt leur amitié à travers des rapports passés au tamis de la mémoire.
 
Cet homme discret, qui dans sa présentation dit ses réticences, nous livre son témoignage sur leurs discussions touchant l'Algérie bien sûr, et souvent la politique, la religion, la littérature... de quoi connaître un peu mieux, sous un nouvel angle, l'homme Camus et avoir un éclairage différents sur ses écrits. Cette pudeur réciproque, on la retrouver dans ce souvenir marquant qui ouvre le livre quand Camus souffre de montrer à son professeur son intimité, ses conditions de vie fort modestes. Une pudeur pense Jean grenier "qui a fait dire des âmes nobles qu'elle ne veulent par faire partager le trouble qu'elles ressentent." Pudeur et fierté lui dictent de refuser aide et compromis, ce qui se traduira dans son œuvre par une rigueur exigeante dans l'expression et les thèmes qu'il développera. Il refusa le poste de professeur qu'on lui offrait à Bel-Abbès, étant "juge exact de sa valeur... en revanche il avait à se faire reconnaître par les autres."
 
      
 
"Écrire, c'est mettre en ordre ses obsessions" note Jean Grenier. Si influence il a exercé, c'est à son corps défendant. Inspirateur, au moins au début, concède-t-il, surtout avec son récit Les Îles, symbole de l'isolement, vision pessimiste du monde qui fera dire à Camus : "Jean Grenier n'est pas un humaniste." Camus c'est au contraire la révolte et l'espoir, ce qu'il a appelé son passage "du non au oui". [1] Esprit avant tout curieux et concret, il se méfiait de "l'existentiel". Un homme à facettes où prédominaient tout à tour "l'homme heureux" avec sa part de chance et "l'homme fier", l'homme du sud attaché à ses idées et les défendant pied à pied. Outre "Les Îles" dont il écrira la préface de la réédition, Camus trouve dans "Inspirations méditerranéennes" "la passion du soleil" et dans "L'esprit d'orthodoxie", "l'amour de la vérité".
 
Dans les années trente, Camus anime le Théâtre du Travail, [2] joue Le temps du mépris de Malraux dans la salle des Bains Padovani à Bab-el-Oued, adhère au Parti communiste et croit à une vie meilleure pour les arabes. C'est sur les conseils de Jean Grenier qu'il adhère au PCF, pour "faire évoluer les choses". [3] Contrairement à beaucoup d'autres, il s'engageait avec fermeté pour les causes qui lui paraissaient justes, comme pour Gary Davis refusant d'être mobilisé, restant discret sur son action dans ses relations privées; double attitude d'un homme qui passait pour sévère en public et plutôt décontracté en privé. Le moraliste aimait "la justice et la vérité", l'homme se sentait parfois bien seul et cherchait quelques certitudes parmi se doutes.
 
Camus concevait le théâtre comme un jeu charnel dominé par le mouvement, non comme un vecteur d'idées. Il porte "la marque d'une nostalgie de l'absolu" pense Jean grenier, celle de la mer et du soleil dans "Le Malentendu", celle de la perte de l'absolu dans "Caligula".
          
 
Dans L'Homme révolté, Camus s'attèle à démontrer la nocivité du culte de l'histoire et de la volonté de puissance. Dans cette logique, il dénonce l'approche hégélienne et critique certains aspects du surhomme nietzchéen. Il se tourne de nouveau vers la Grèce, confiant à Jean Grenier : "Plus j'avance et plus je suis étonné par la quantité de choses toujours vraies et neuves que les Grecs ont formulées." Au retour d'un voyage en Amérique, il est atteint d'une de ces crises de confiance, de découragement dont il est parfois victime. Il doute du succès de L'Homme révolté, se demandant s'il existe vraiment des valeurs éternelles, tachant comme il l'écrit "de faire son profit de l'ombre comme du soleil." Entre innocence et culpabilité, "ni bourreaux, ni victimes" écrira-t-il dans le journal Combat à cette époque, il cherche sa voie.
 
Son théâtre lui apporte alors peu de satisfactions, surtout après le double échec de L'État de siège puis des Justes. Après 1955 et la parution de L'Exil et le royaume, il voulait se lancer dans un récit qui ne soit pas comme les précédents ce qu'il appelle "un mythe organisé" mais "un roman d'éducation" par référence à L'Éducation sentimentale de Flaubert. Ce récit biographique, Le Premier homme, qui restera inachevé, il l'écrivit en grande partie à Lourmarin où il comptait s'installer loin du bruit et des rumeurs de Paris.
 
Jean Grenier eut l'occasion de rencontrer à Alger l'oncle Aicault chez qui Camus résidait alors. [4] C'était un homme affable et exubérant qui fit découvrir à son neveu l'œuvre d'Anatole France et Ulysse de James Joyce. De son côté, Grenier l'initia à Gide et Proust, qu'il apprécie beaucoup, se demandant ce qu'on peut bien pouvoir écrire après ce dernier. Il lui présente aussi Charlot, jeune homme de son âge qui deviendra vite éditeur et publiera à Alger les deux premiers livres de Camus L'Envers et l'endroit puis Noces, qui auront leur succès dans le milieu estudiantin. C'est l'époque où le touche des romans tels que La Douleur d'André de Richaud et La Maison du peuple de Louis Guilloux où on trouve une enfance pauvre à la soue de l'œuvre, "changer le malheur en beauté, écrit Grenier, comme si celle-ci ne pouvait entrer en nous que par une blessure." 
 
Notes et références
[1] Voir par exemple dans L'Envers et l'endroit, la nouvelle intitulée "Entre oui et non"
[2] qui deviendra bientôt Le Théâtre de l'Équipe
[3] Voir sa lettre à Jean Grenier du 21 juin 1934 où il se refusera toujours "à mettre entre la vie et l'homme, un volume du Capital." 
[4] Il y résida quelques mois après sa première attaque sérieuse de tuberculose (NDLR)
 
Voir les articles : Camus libertaire, Camus et Nietzsche

Voir aussi les fiches que j'ai développées sur d'autres sites :
<<<< Christian Broussas - Feyzin - 20 mars 2012 - <<<<< © • cjb • © >>>>
 

jeudi 14 novembre 2013

Daniel Rondeau, Camus ou les promesses de la vie

Approche d'Albert Camus par Daniel Rondeau

(Nouvelle version pour le centenaire de sa naissance - novembre 2013)

Ce livre intitulé simplement Albert Camus est un essai de Daniel Rondeau sur l'œuvre de l'écrivain Albert Camus, prix Nobel de littérature en 1957, publié juste avant la mort de l'écrivain.

Les principaux chapitres
  • L'homme des combats rafraîchissants
  • Fils d'une terre sans aïeux
  • Vérité ! Vérité !
  • L'exil avant la gloire
  • La révolte, pas la révolution
  • Les algériens, Camus et le pays hanté
    Daniel Rondeau
  • Référence : Daniel Rondeau, "Camus ou les promesse de la vie", éditions Mengès, 175 pages, 2010, isbn 978-2-8562-04844-9
« Le temps perdu ne se retrouve que chez les riches. Pour les pauvres, il marque seulement les traces vagues du chemin de la mort. »
« Le jour où le crime se pare des dépouilles de l'innocence, par un curieux renversement propre à notre temps, c'est l'innocence qui est sommée de fournir ses justifications . »
Introduction à L'Homme révol


 « Le jour où le crime se pare des dépouilles de l'innocence, par un curieux renversement propre à notre temps, c'est l'innocence qui est sommée de fournir ses justifications. » Introduction à L'Homme révolté «  Camus contribua grandement à purifier mon esprit, en me débarrassant d'innombrables idées faibles, et par le biais d'un pessimisme perturbant comme jamais je n'en avais connu, en m'incitant à me passionner de nouveau pour l'énigmatique promesse de la vie. » (épigraphe , extrait de "Face aux ténèbres, chronique d'une folie"- William Styron)

Albert Camus est mort pratiquement en pleine gloire ce lundi 4 janvier 1960 dans la Facel véga que conduisait son éditeur et ami Michel Gallimard. Depuis ce temps, il n'a rien perdu de son actualité, lui qui dans L'homme révolté avait choisi la révolte plutôt que la révolution, ne voulant être ni victime ni bourreau et voulant croire à l'aveuglante évidence de la vérité. «  Il y avait chez lui, écrit Daniel Rondeau, une noblesse, une ardeur serrée, une façon de voir l'éternité dans chaque instant, un mouvement naturel entre la prose et la parole qui l'ont fait grandir dans son cœur et durer dans celui des hommes. »

« La littérature française était un jardin » écrit Daniel Rondeau en préambule. Un beau texte, « un texte inspiré, écrit Jean-Marc Parisis [1], l'ouvrage est richement illustré (.. .). Beau programme auquel ce livre solaire pourrait servir de socle en ces temps boueux. » Et l'auteur de conclure ainsi : « Ses douleurs, sa joie d'exister, sa capacité d'espérer, ses silences et ses livres appartiennent à chacun d'entre nous, de part et d'autre de la mer ».



Daniel Rondeau se souvient quand il fermait les yeux, « je respirais l'odeur des absinthes dans les ruines de Tipasa, j'entendais la respiration de la, mer, je nageais avec Rieux et Tarrou dans la tiédeur de l'eau, sous une caresse d lune et d'étoiles qui desserrait l'étreinte de La Peste. » Pour Camus, Tipasa est « le grand jour de NOCES avec le monde. » Sur la stèle qui se dresse dans les ruines, est gravée cette inscription : « Je comprends ici ce qu'on appelle gloire : le droit d'aimer sans mesure. » 
 
Il est fils d'une terre sans aïeux. Il y avait le père Lucien Auguste Camus, blessé à la bataille de La Marne en 1914, mort à l'hôpital de Saint-Brieuc le 11 octobre 1914, la mère Catherine Sintès, « bonne et douce bien que ne sachant pas caresser, en partie sourde, maladivement silencieuse, presque muette, » son frère aîné Lucien qu'élève une grand-mère autoritaire et bavarde. 

Il y eut aussi la mer et les baignades, « grande mer toujours labourée, toujours vierge, ma religion avec la nuit !  Elle nous lave et nous rassasie [...] elle nous libère et nous tient debout » puis les images paternelles de son instituteur Louis Germain et de son professeur de philosophie Jean Grenier, la tuberculose qu'il traînera toute sa vie. Dans Le Premier Homme son dernier roman inachevé, « magnifique création romanesque sur l'absurde fatalité de l'homme, » est sa réponse d'écrivain sur l'Algérie : « Le regard d'un homme capable à la fois capable  de focaliser sur la douleur du temps à travers le prisme des souvenirs heureux et de s'émanciper d'une réalité désespérée. » Pour le docteur Rieux dans La Peste, « L'homme n'est pas qu'une idée »  et il ne veut être  « ni victime, ni bourreau. »



Alger, 3 rue du Languedoc où habita Camus à l'entresol chez l'oncle et la tante Acault

Albert Camus s'est longuement expliqué sur sa conception de la vérité, les liens entre haine et mensonge. « On ne peut pas haïr sans mentir. Et inversement [...] La vérité pullule sur sur ses fils assassins. » [2] Selon son ami Claude de Fréminville, Camus en 1937-38 « continue  à penser le désespoir et même de l'écrire mais il vit d'espérance. » Pour Camus, rien n'est acquis mais tout est possible : «  La vérité est toujours à construire, comme l'amour, comme l'intelligence. » [2] Il aura été l'homme de la continuité dans ses combats. Le journaliste traduit les engagements de d'articles sur "la misère en Kabylie", à ses éditoriaux à l'Express en 1955-56, [3] en passant par France-Soir pendant la guerre et bien sûr par ses articles dans le journal Combat clandestin puis au grand jour à la Libération. [4] Rares sont les esprits libres comme Gide [5] ou Malraux; Camus est de ceux-là.

Ses portraits d'après-guerre, que ce soit au Panelier [6] ou à Paris montrent, derrière un visage doux et cependant sérieux, un air mélancolique qui ne le quitte guère. Une éclaircie le 5 septembre 1945 : la naissance de ses jumeaux Jean et Catherine. Mais la création et surtout le théâtre l'accaparent. Il cherche un difficile équilibre qu'il traduira dans sa nouvelle Jonas ou l'artiste au travail : « Il était difficile de peindre le monde et les hommes  et en même temps de vivre avec eux. »

     

Octobre 1946, début de sa grande amitié avec René Char [7]« le monarque solitaire, » résistant comme lui qui a refusé La Peste (voir aussi la pièce de Camus L'état de siège), et devient vite  « son frère de peine et de joie. » L'amitié avec Char, ce sera aussi la Provence comme un coin d'Algérie, les vacances à L'Isle-sur-la-Sorgue dans le Vaucluse puis la maison de Lourmarin. Il lui dédie une nouvelle L'Exil d'Hélène, première variation sur l'un des thèmes de L'Homme révolté qui paraîtra dans son recueil L'Été.

Juin 1947, fatigué et malade, il quitte Combat tandis que paraît La Peste, métaphore de la guerre et de la barbarie nazie où les gens se sentent confinés, étrangers au monde, « oui, c'était bien le sentiment de L'Exil que ce creux que nous portion constamment en nous. » C'est l'époque du théâtre, L'État de siège à Paris, Caligula à Londres, des conférences, des engagements à travers les meetings pour la paix, auprès des républicains espagnols ou du pacifiste Gary Davis, des voyages en Algérie bien sûr mais aussi aux États-Unis et en Amérique du sud. Ce sera bientôt l'époque d'une nouvelle attaque de tuberculose, repos à Cabris dans les Alpes du sud, qui lui donne du temps pour écrire L'Homme révolté qui paraît à l'automne 1951.



Cet essai, « un effort pour comprendre mon temps, » lui coûtera beaucoup d'inimités et la brouille avec Sartre. Il y fustige aussi bien les barbaries nazie que communiste, s'en prend à Rimbaud et aux surréalistes, ce qui lui vaut une volée de bois vert de ses amis de gauche, sauf Malraux qui pointe aussi le nihilisme de cette époque dans La tentation de l'Occident et donne raison à Camus. [8] Jean Grenier l'avait prévenu qu'avec ce livre, il se trouverait isolé, attaqué par les communistes Pierre Hervé, Pierre Daix... [9] et les sartriens des Lettres françaises avec Francis Jeanson. [10] De la même façon, il prendra une position difficile sur l'Algérie, refusant  et dénonçant les extrêmes, lançant lors d'une visite (risquée) à Alger le manifeste de "la trêve pour les civils," pressentant déjà un glissement  vers "les noces de sang". Il a "mal à l'Algérie," craint un avenir sombre pour son pays, des hommes « exilés dans la haine (et plongés) dans une étreinte mortelle. »

Décembre 1957, il reçoit le prix Nobel -et non à Malraux comme il le souhaitait- [11] disant aussi qu'il « sent son œuvre encore bien insuffisante. » Après son départ de L'Express en 1956, on dit Camus silencieux alors qu'il prend ses distances, s'éloigne de l'actualité qui est selon René Char « une viande sournoise. » Malgré les raisons qu'ont les homme de désespérer, il sait que « la clarté est une convenable répartition  d'ombres et de lumière. » [12]

Bibliographie
  • J. Majault, Camus, révolte et liberté, Le Centurion, collection Humanisme et religion, 1965
  • Nguyen Van Huy, La métaphysique du bonheur chez Camus, Neuchâtel, 1964
  • Heiner Wittmann : Camus et Sartre : deux littéraires-philosophes, texte d’une conférence présentée lors d’une Journée d’Études à la Maison Henri-Heine sur la littérature et la morale, 15 décembre 2005
  • Albert Camus et René Char, La Postérité du soleil, photographies de Henriette Grindat. Itinéraires par René Char, éditions Edwin Engelberts, 1965, ASIN B0014Y17RG - rééditions éditions de l'Aire, Vevey, 1986 et Gallimard, 2009
  • Pierre-Henri Simon, L'homme en procès: Malraux, Sartre, Camus, Saint-Exupéry, 1950
  • Revue Esprit, janvier 1950 : Emmanuel Mounier, Albert Camus ou l'appel des humiliés
  • Albert Camus, soleil et ombre : une biographie intellectuelle, essai, 1987. Prix Albert-Camus.

Voir aussi

Société des études camusiennes et Olivier Plat

Notes et références
  1. Jean-Marc Parisis, dans L'Express du 8 Décembre 2005
  2. Interview dans Le Progrès de Lyon, 1951
  3. Voir mon article "Camus éditorialiste à L'Express" dans "Les Cahiers Albert Camus"
  4. Voir mon article "Camus à Combat" dans "Les Cahiers Albert Camus"
  5. Voir ma fiche André Gide l'inquiéteur'
  6. Le Panelier dans la Haute-Loire près du Chambon-sur-Lignon où il vint se reposer suite à sa recherche de tuberculose juste avant la guerre, dans une pension tenue par un oncle de sa femme Francine qui adolescente y était venue plusieurs fois en vacances
  7. Voir mes fiches René Char, qui êtes-vous ?, René Char et Albert Camus et René Char et Pierre Boulez
  8. Voir Jean Grenier, Carnets (1944-1971, Seghers, 1991, voir aussi ma fiche Jean Grenier à Simiane
  9. Il écrira dans ses Mémoires comme pour se justifier : « Moi, l'ancien déporté de Mauthausen, je ne volais pas admettre l'inhumanité du Goulag,» "Tout mon temps, Fayard, 2001
  10. Ses détracteurs lui reprochent "d'être vulgaire" comme l'écrira Milan Kundera dans Le rideau. Sartre écrira que Camus avait toujours « un petit côté voyou d'Alger, très truand,  très marrant. » in Situations tome X, Gallimard, 1976
  11. Voir ma fiche André Malraux, une jeunesse
  12. Voir Roger Grenier, Albert Camus, soleil et ombre : une biographie intellectuelle, essai, 1987. Prix Albert-Camus - voir aussi ma fiche sur Roger Grenier, Albert Camus, soleil et ombre
               
       Albert Camus                                      Daniel Rondeau
     <<<< Christian Broussas - Camus, Rondeau - 8 avril 2013 <<< © cjb © • >>>>>