mercredi 19 mars 2014

Révolte dans les Asturies, Camus

Révolte dans les Asturies, Essai de création collective est une pièce de théâtre écrite en commun par Albert Camus, Jeanne-Paule Sicard, Bourgeois, Poignant, en 1935 puis publiée en 1936.
 
Révolte dans les Asturies décrit l'insurrection ouvrière de 1934 en Espagne, dans les Asturies. La révolte des mineurs commence à Mieres, dans la nuit du 5 au 6 octobre 1934. Le gouvernement de la IIe République espagnole, alors en place, décide de faire intervenir l'armée. Alors qu'Hitler vient de prendre le pouvoir en Allemagne, la droite espagnole, vainqueur aux élections voulait effacer toutes les avancées sociales que le gouvernement de centre gauche avait accordées. Restait la révolte pour imposer la révolution sociale. Le rêve s'achève par une tragique répression sanglante, le 19 octobre, fait entre 1 500 et 2 000 victimes et on estime que quelque 30 000 ouvriers furent emprisonnés à cette occasion.
 
Jeanne-Paule Sicard, grande amie de Camus à Alger à cette époque et co-créatrice de la pièce, écrira plus tard à Francine Camus, la femme d'Albert  : « Quant au titre, il fut l’objet de discussions sans fin. Nous hésitâmes longtemps entre La neige et La vie brève. Nous finîmes par nous rallier à celui de Révolte dans les Asturies par lassitude ».
 
En 1935 Albert Camus qui a 22 ans, est à l'origine de l'écriture de cette pièce d'actualité politique, avec trois amis du Théâtre du Travail qu'il dirige à Alger, Jeanne-Paule Sicard, Bourgeois et Poignant, qui constitue pour les créateurs un « essai de création collective ». C'est au départ une pièce destinée à être interprétée par des acteurs amateurs dans le cadre du Théâtre du Travail, définie comme une trame sur laquelle les comédiens peuvent librement improviser.
 
La pièce Révolte dans les Asturies est censurée, au début de 1936, par le maire d'Alger et finalement ne sera pas véritablement représentée. Il fallut attendre bien des années avant qu'elle ne le fût et l'on peut noter récemment deux représentations notables :
  • En 1968, spectacles en 3 parties d'Albert Camus... L'Etat de siège... Paris, Théâtre Marigny, 27 octobre 1948. Précédé de Révolte dans les Asturies : Pièce en 4 actes
  • En 2008, atelier-lecture par la compagnie "L'Élan bleu" à Cherbourg;
  • En août 2011 avec une mise en scène de Vincent Siano, Brantes au Théâtre rural d'animation culturelle (TRAC) de Beaume-de-Venise dans le Vaucluse, puis en octobre 2012 au profit d'Amnesty International (voir Présentation);
  • En juillet 2012, toujours avec la même troupe, à Saint-Geniez dans les Alpes-de-Haute-Provence.
  Affiche du spectacle L'Avant-scène en 1968
Edition
  • Première parution aux éditions Charlot à Alger en 1936;
  • Éditions Le Manuscrit français en 2006 puis parution aux éditions de La Pléiade.
Annexe I : manifeste du théâtre de l'Équipe

«  Le Théâtre de l'Équipe demandera aux œuvres la vérité et la simplicité, la violence dans les sentiments et la cruauté dans l'action. Ainsi se tournera-t-il vers les époques où l'amour de la vie se mêlait au désespoir de vivre : la Grèce antique (Aristophane, Eschyle), l'Angleterre élisabéthaine (Forster, Marlowe, Shakespeare), l'Espagne (Fernando de Rojas, Calderon, Cervantès), l'Amérique (Faulkner, Caldwell), notre littérature contemporaine (Claudel, Malraux). Mais d'un autre côté, la liberté la plus grande régnera dans la conception des mises en scène et des sentiments de tous et de tous les temps dans des formes toujours jeunes, c'est à la fois le visage de la vie et l'idéal du bon théâtre. Servir cet idéal et du même coup faire aimer ce visage, c'est le programme du Théâtre de l'Équipe.» 


La troupe de l'élan bleu, atelier-lecture pour les 18émes Rencontres des cultures hispaniques (Cinemovida) à Cherbourg-Octeville
 
Annexe II : Camus et le théâtre
« Il n’y a qu’un théâtre populaire et c’est celui où l’on joue de bonnes œuvres ; on oublie que Shakespeare se joue encore dans les quartiers populaires de Londres et que c’est pour ce public qu’il écrivait. Il y a un public pour le théâtre […] et c’est un public de vignerons et de paysans qui applaudit Eschyle à Orange. Celui qui se passionne pour le guignol – celui qui a suivi Jacques Copeau dans l’effort qu’il a fait pour que le théâtre français renaisse. »
 
* Interview de J.P. Sicard

<<< Christian Broussas – Feyzin, 12 janvier 2013 <<<<< © • cjb • © >>>>

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