Albert Camus, Solitaire et Solidaire est un
album-récit biographique sur la vie et l'œuvre de l'écrivain Albert Camus, écrit
par sa fille Catherine Camus.
Camus et sa
fille Catherine
1- Présentation et structure
Portrait
intime dû à sa fille Catherine Camus avec la collaboration de Marcelle
Mahasela. Un demi siècle après la disparition brutale d'Albert
Camus le 4 janvier 1960 dans un accident de voiture, sa fille Catherine
Camus, livre de son père cet émouvant album souvenir. Au fil des pages
et des photographies, nous découvrons un Camus inédit en plus de l'écrivain
engagé et acteur de son époque. Du quartier pauvre d'Alger à Stockholm
et au prix Nobel, de ses engagements à Alger-Républicain ou à Combat,
de La Peste dénonçant la 'peste noire' fasciste, sa vie aura
été un long combat, une lutte incessante de luttes en luttes d'un homme qui se
voulait conscience et humanisme.
Catherine Camus nous livre des photographies de famille inédites, images d'Algérie, articles de journaux, manuscrits, affiches, scènes de théâtre pour dresser de son père ce portrait que seule elle pouvait proposer.
Catherine Camus nous livre des photographies de famille inédites, images d'Algérie, articles de journaux, manuscrits, affiches, scènes de théâtre pour dresser de son père ce portrait que seule elle pouvait proposer.
Sommaire de l'ouvrage :
1- La genèse 1913-1936 2- L'éveil, l'action 1937-1945
3- La révolte 1946-1951 4- Solitaire, solidaire 1952-1960
2- La genèse 1913-1936
« Chaque
artiste garde ainsi, au fond de lui, une source unique qui alimente pendant sa
vie ce qu'il est et ce qu'il dit. [...] Pour moi, je, sais que ma source est
dans L'Envers et l'Endroit, dans ce monde de pauvreté et de lumière où j'ai
longtemps vécu... » [1]
— Albert Camus, L'Envers et l'Endroit –
Préface - OCI page 32 —
Les
textes retenus dans ce chapitre sont d'abord des textes à caractère
autobiographiques qui renvoient à cette époque, de la naissance de Camus à
1936, essentiellement L'Envers et l'Endroit, Le
Premier Homme et le tome I des Carnets ou quelques
citations tirées de Noces.
Mais
Catherine Camus a aussi puisé dans des textes moins connus
comme celui paru dans la revue 'Évidence' ou des
extraits de lettres adressées à Louis germain son instituteur, à Jean
Grenier, à ses amis Jean de Maisonseul ou René
Char ou des éléments empruntés au questionnaire de Carl A.
Viggiani. Elle a sélectionné des photos là aussi classique sur la
jeunesse de Camus ou sur sa famille (dont certaines inédites) mais également
des fac-similés de documents (actes de l'état civil...), Photos du RUA, [2]
des cartes postales d'époque ou des coupures de presse.
Les
citations évoquent la pauvreté que Camus a maintes fois évoquée :
« La pauvreté n'a jamais été un malheur pour moi : la lumière y répandait ses richesses... »
(L'Envers et l'Endroit)
« La pauvreté n'a jamais été un malheur pour moi : la lumière y répandait ses richesses... »
(L'Envers et l'Endroit)
« Mais finalement, il n'y a que le mystère de la pauvreté qui fait les êtres sans nom et sans passé. » (Le Premier Homme) « J'ai découvert qu'un enfant pauvre pouvait s'exprimer et se délivrer par l'art. » (Questionnaire de Carl A. Viggiani) 3- L'éveil, l'action 1937-1945 « Pour moi devant ce monde, je ne veux pas mentir ni qu'on me mente. » [3] (Albert Camus, Noces – Le vent à Djémila - OCI page 115)
« Une
vérité est chose qui croît, qui se fortifie. Elle est une œuvre à faire. Et
c'est cette œuvre qu'il faut poursuivre sur le papier et dans la vie avec
toutes les ressources de la lucidité. »
(Albert Camus, Sans lendemains - OCI page 1201)
(Albert Camus, Sans lendemains - OCI page 1201)
Ce chapitre contient aussi des textes autobiographiques : on y retrouve L'Envers et l'Endroit, Le Premier Homme, le tome I des Carnets ou des références tirées de Noces, d'Actuelles III et de L'Été. Mais il contient d'autres textes intéressants tirés essentiellement de sa correspondance avec Jacques Heurgon, R. Hadrich, Marcel Aymé et Pascal Pia, le Manifeste du Théâtre de l'Équipe ou des articles d'Alger Républicain ou de Combat.
Il
contient outre des photos de Camus avec sa femme Francine,
avec Pascal Pia, beaucoup de fac-similés et d'articles de
journaux. Dans une lettre à son ami R. Hadrich, il donne son
sentiment sur L'Étranger : « 'L'Étranger' n'est ni réaliste, ni
fantastique. J'y verrais plutôt un mythe incarné, mais très enraciné dans la
chair et la chaleur des jours. On a voulu y voir un nouveau type d'immoraliste.
C'est tout à fait faux. » (8/09/1954)
4- La révolte 1946-1951
« Qu'est-ce qu'un homme révolté ? Un homme qui dit non. Mais s'il refuse,
il ne renonce pas : c'est aussi un homme qui dit oui, dès son premier mouvement. »
— Albert Camus, L'Homme révolté - OC III page 71 —
Ce
chapitre contient des citations contextuelles de L'Homme révolté
bien sûr, de La Peste, de L'État de siège, de L'Exil
et le royaume (Jonas, La femme adultère) ainsi que des Carnets
(tomes I et III), des références à des œuvres moins connues comme Réflexions
sur la guillotine ou Pluies sur New-York. [4] Il contient
aussi des extraits relatifs à ses amis René Char (lettre,La Postérité du
soleil), Louis Guilloux et des témoignages de Maria
Casarès. De son voyage à New-York il écrit « J'aime
New-York, de ce puissant amour qui vous laisse parfois plein d'incertitudes et
de détestations : il arrive qu'on ait besoin d'exil. » (Pluies
sur New-York, OCII page 693)
Les
illustrations s'appuient sur des photos de la famille Camus : Albert,
Francine, les jumeaux. Camus a écrit cette réflexion, non dénuée
d'humour, à propos de la famille : « On s'obstine à confondre le
mariage et l'amour d'une part, le bonheur et l'amour d'autre part. Mais il n'y
a rien de commun. C'est pour cela qu'il arrive, l'absence d'amour étant plus
fréquente que l'amour, que des mariages soient heureux. » (Carnets, OCIV
page 1066)
On y trouve également des photos de Camus avec Louis Guilloux et René Char, avec la troupe du théâtre Marigny (Jean-Louis Barrault, Maria Casarès...)
On y trouve également des photos de Camus avec Louis Guilloux et René Char, avec la troupe du théâtre Marigny (Jean-Louis Barrault, Maria Casarès...)
5- Solitaire, solidaire 1952-1960
« Je me sens d'abord solidaire de l'homme de
tous les jours.»
— Albert Camus, Interview d'octobre 1957 —
C'est
un homme partagé qui écrira aussi : « Une part de moi a méprisé sans
mesure cette époque. Je n'ai jamais pu perdre... le goût de l'homme et le cœur
m'a souvent manqué devant l'extrémité de déchéance qu'a touché le siècle. Mais
une autre part a voulu assumer la déchéance et la lutte commune... » (Carnets
1949-1959, OCIV, page 1129)
Ce
dernier chapitre contient aussi des références autobiographiques à travers Le
Premier Homme, le tome III des Carnets ainsi que Actuelles
II ou tirées de L'Été, de La Chute,
de L'Exil et le royaume (Jonas, Les Muets, L'hôte). Mais il
contient d'autres textes moins connus tirés de ses éditos à L'Express,
de Calendrier de la liberté, Désert vivant ou
d'une lettre à Mohamed Aziz Kessous.
Il
repose sur quelque temps forts comme le prix Nobel avec des extraits de ses
discours, les réactions d'hommes comme Roger Stéphane ou Jacques Laurent, le
théâtre avec des textes et des photos tirés du festival d'Angers, de Requiem
pour une nonne (Camus et Catherine Sellers), Le
chevalier d'Olmedo (répétition avec les jumeaux) ou Les
Possédés (Catherine Sellers, Pierre Vaneck, Pierre Blanchar). Du
prix Nobel, il dira : « J'ai reçu cette nouvelle avec une sorte de
panique. Ce qui m'aide, ce sont les signes de quelques-uns que j'aime. »
(lettre à Nicola Chiaromonte, 20/10/1957)
Est-ce
prémonition quand il écrit dans Le Premier homme que « le livre doit être
inachevé. » (OCIV page 927) et qu'il pense ainsi à la mort : " Même
ma mort me sera disputée. Et pourtant ce que je désire de plus profond
aujourd'hui est une mort silencieuse, qui laisserait pacifiés ceux que j'aime."
("Carnets" 1949-1959)
Et René
Char, face à cette mort brutale qui le bouleverse, écrira ces vers
d'une terrible beauté :
« Avec celui que nous aimons, nous avons
cessé de parler, et ce n'est pas le silence. [...]
À l'heure de nouveau contenue où nous questionnons tout le poids d'énigme,
À l'heure de nouveau contenue où nous questionnons tout le poids d'énigme,
[soudain commence la Douleur,]
Celle de compagnon à compagnon, que l'archer cette fois, ne peut pas transpercer.»
Celle de compagnon à compagnon, que l'archer cette fois, ne peut pas transpercer.»
(René Char, L'Éternité à Lourmarin,
L'Isle-sur-la-Sorgue le 17 avril 1960 - OC page 412.)
Informations complémentaires
Notes et références
[1] Tous les références renvoient aux Œuvres complètes, suivi du numéro du tome; Exemple : Albert Camus, L'Envers et l'Endroit – Préface - OCI page 32 [2] Racing Universitaire d'Alger où Camus jouait gardien de but [3] Tous les références renvoient aux Œuvres complètes, suivi du numéro du tome; Exemple : Albert Camus, L'Envers et l'Endroit – Préface - OCI page 32 [4] Voir son livre Journaux de voyage réédité chez Gallimard en 1978, isbn 2-07-029853-1
Bibliographie
* Les Derniers jours de la
vie d'Albert Camus, José Lenzini, éditions Actes Sud, 2009, ISBN 2-7427-8629-5
* Résidente privilégiée,
Maria Casarès, éditions Fayard, 1980
Voir aussi
Voir les articles :
Camus libertaire, Camus et Nietzsche
Voir aussi mes autres fiches :
- Roger Grenier, Albert Camus, soleil et ombre ---- Morvan Lebesque, Albert Camus par lui-même
- Daniel Rondeau, Camus ou les promesses de la vie ---- Jean Sarocchi, Camus
<<< Christian Broussas -
Feyzin - 20 mars 2012 - <<< © • cjb • © >>>
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