José Lenzini, pied-noir de Sétif, connaître parfaitement son Camus puisqu'il lui a consacré quatre ouvrages et qu'il a par exemple participé à l'exposition Albert Camus organisée pour les centième anniversaire de la naissance de Camus.[1] Par exemple autour de l'exposition Camus, l'acteur Charles Berling a lu des œuvres majeures de Camus, Caligula, L'étranger, La peste, Noces... à l'Université du Sud - Toulon dans le Var et José Lenzini a fait une conférence autour de sa vie et de son œuvre.
José Lenzini, "Albert Camus" Essentiels Milan
Ce premier ouvrage de José Lenzini nous entraîne sur les chemins empruntés par Camus depuis son Algérie natale et le cheminement de sa pensée. On suit ainsi l'imbrication, l'osmose entre sa vie vue à travers son travail de journaliste et l'évolution de son œuvre.
Le Camus journaliste, même si celui de Combat est le plus connu, est d'abord le jeune homme, le jeune journaliste d'Alger Républicain que révulse la condition des Kabyles, la différence de statut entre pieds-noirs et arabes, une ségrégation qui ne dit pas son nom mais est vécue comme telle par une grande majorité de la population.
Camus, aussi bien à travers ses écrits que son action témoigne de l'absurde du quotidien auquel les hommes sont confrontés.
José Lenzini, 'Camus et l'Algérie", Édisud
Entre Albert Camus et l'Algérie, c'est une "longue liaison qui sans doute n'en finira jamais" qui a nourri son œuvre des premiers textes de L'Envers et l'endroit jusqu'au dernier récit largement autobiographique Le Premier homme, où il tente de rejoindre ses racines algériennes et de tracer la saga des "pieds-noirs", ce peuple de déracinés. Relations éminemment sentimentales, difficiles et parfois contradictoires, dominées par une précarité que lui impose l'histoire mouvementée de ce pays.
Ce sentiment de précarité est aussi renforcé par par ses problèmes de santé, cette tuberculose qui bridera sa vie à plusieurs reprises, l'obligeant à des soins lourds et dirimants, le plongeant dans l'aléatoire et le temporaire. Cette idée absurde s'est en fait très tôt imposée à lui : si la vie est à ce point absurde, si elle peut s'arrêter du jour au lendemain, alors il faut puiser en soi d'autres raisons de croire et d'espérer, trouver un certain bonheur dans l'effort toujours recommencé de Sisyphe, même s'il connaît l'inanité de sa tâche.
Camus s'est ainsi essayé à bien des genres, tour à tour écrivain, philosophe, moraliste, homme de théâtre et journaliste, il n'a jamais recherché un rôle de maître à penser, simplement rester un compagnon de vie à travers cette Algérie dont il a tiré "force et inspiration, mémoire et silence". L'absurde est présent jusqu'au bout, jusqu'à l'ultime route qui se déroba à la Facel-véga de Michel Gallimard, mort à 47 ans dans un accident de voiture qui est une espèce de quintessence de l'absurde.
José Lenzini, L'Algérie de Camus" Édisud
C'est contraint par les autorités françaises qu'Albert Camus quitte l'Algérie peu de temps après le début la Seconde guerre mondiale. Il a 27 ans mais n'a guère que vingt ans à vivre, ne mourant pas de cette tuberculose qui menaçait sa vie mais d'un "absurde" accident de voiture.
Son pays natal , même s'il n'y retournera plus guère par la suite, est toujours dans son œuvre, présent dans son esprit, dans ses mots, même s'il vit le plus souvent à Paris. "Je fut placé à mi-distance de la misère et du soleil" écrira-t-il en 1958 dans la préface de "L'envers et l'endroit", son premier ouvrage. Il y juge ce livre fondamental, fondement de sa pensée, de sa sensibilité, de tout ce qu'il écrira par la suite même s'il en juge le style critiquable, sa façon d'écrire encore brouillonne et hésitante.
Il refusera toute étiquette, du moraliste à l'existentialiste en passant par le philosophe, même si ce choix lui coûta cher, donnant du grain à moudre à ses détracteurs -et ils ne manquèrent pas. De même, il sut garder le silence après les polémiques qui suivirent la publication de L'Homme révolté ou après sa proposition de "trêve civile" en Algérie qui fut rejetée avec violence par tous les extrémismes antagonistes.
Camus se tiendra constamment à l'écart des chapelles et des idéologies de tous bords, conservant une morale héritée de son existence de Belcourt, quartier pauvre où il a passé sa jeunesse. Dans son œuvre, se profile toujours cette terre dont il disait qu'il avait "le même sentiment à revenir vers elle qu'à regarder le visage d'un enfant." C'est ce voyage qui traverse sa jeunesse, véhiculant toutes ces images de paysages qui le bouleversait, d'Alger à Oran, de Constantine à Laghouat, tous ces lieux si personnels qu'ils tendant à l'universel par la vertu du cheminement camusien.
José Lenzini, "Les derniers jours de la vie d'Albert Camus" Actes Sud
Le 3 janvier 1960, Albert Camus quitte sa maison de Lourmarin pour retourner à Paris après les fêtes de fin d'année. Son éditeur et ami Michel Gallimard venant de la Côte d'azur, s'arrête chez Camus à Lourmarin dans le Lubéron et le convainc de faire le trajet en voiture avec lui et sa famille. Camus est fatigué, pris par la rédaction de son récit Le Premier homme et préoccupé par la guerre d'Algérie dont il sait qu'elle est dans impasse et mesure son impuissance face à cette situation.
Ce voyage est aussi l'occasion pour lui de reprendre le fils de ses souvenirs, la nostalgie de sa vie d'étudiant à Alger et le théâtre. Tout ceci va être de brusquement interrompu quand, sans raison apparente, la facel-vega quitte la route et heurte un arbre. Il est tué sur le coup et, dans sa sacoche, on retrouvera dans les décombres le manuscrit inachevé du Premier homme.
Charles Berling et l'exposition Camus (Voir le site Exposition Albert Camus)
< Christian Broussas - Camus, Lenzini - 8 avril 2013 • © cjb © • >
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